Retenu dans la presse
A propos de la dette européenne:
mise en lumière des contradictions
La pratique qui consiste à rapprocher des analyses complémentaires, différentes voire contradictoires est assez rare dans les médias. Or elle est précieuse, et même une des conditions essentielles à la survie de la presse. Eclairer, approfondir, expliquer…
Nous avons par exemple apprécié dans la newsletter de l’Express, le rapprochement de deux articles- réservés aux abonnés- publiés sur le remboursement de la dette des pays de la zone euro, sujet majeur.
Un article de Thibault Marotte du 23/11/2020
Covid-19 : peut-on vraiment annuler la dette des pays de la zone euro ?
Comme plusieurs économistes avant lui, Arnaud Montebourg a lancé dimanche un appel pour annuler la dette Covid des pays de la zone euro.
"On ne va pas avoir des plans d'austérité ad vitam aeternam pour rembourser une dette dans laquelle nous n'avons aucune responsabilité ni morale, ni politique, ni économique" C’est l’argument choc d’Arnaud Montebourg.
Le niveau d’endettement de la France était évalué à 117,5% du PIB pour 2020. Il va passer à 119,8 % a prévenu Bruno Le Maire. La France fait partie des 7 pays européens endettés au-delà de 100 %.
L’article rappelle que l’annulation de cette dette concernerait essentiellement la BCE et évoque les réactions d’experts sur le sujet. Il relève l’importance de ses implications politiques.
Versus un article de Nicolas Bouzou du 21/6/2020
Pourquoi l'annulation de la dette est une (très) mauvaise idée
Réclamée par certains, l'annulation d'une partie de nos dettes publiques est non seulement inutile dans le contexte de taux bas actuel: elle serait aussi dangereuse.
Il s’agit d’un article très engagé contre l’annulation de la dette publique
Pour Nicolas Bouzou, l’annulation de cette dette est comparable à une attaque nucléaire contre un ennemi inexistant. Pour lui la proposition est surtout démagogique et spectaculaire. Il la juge sans intérêt et décline les raisons financières de ce jugement. Surtout il pointe les inconvénients que sa suppression risque de présenter.
Les 2 articles pointent un risque fort de déstabilisation de l’Union Européenne. Ce qu’on peut en tirer comme idée force c’est que l’indépendance de la Banque centrale, aussi protégée et affirmée qu’elle soit, comme c’est le cas pour la BCE, peut dans une période de crise telle que nous en vivons une actuellement, toucher assez vite à ses limites. Car au final, annulation ou pas de la dette, l’un et l’autre terme de la décision est discutable et réalisable si l’on s’en tient à l’aspect technique, mais chacun présente des risques pour l’avenir de la construction européenne : risque de décrochage de certains pays, s’il n’y a pas de moratoire sur la dette, risque de désolidarisation des plus forts, s’il y en a un. Le choix de politique monétaire devient donc presque totalement politique.